Les animaux prennent, certes, une place de plus en plus importante dans notre société et,de surcroît, leur bien-être nous importe plus. Mais est-ce vraiment toujours le cas dans nos foyers, dans notre société de consommation ? La SVPA est,malheureusement, bien trop souvent appelée à intervenir dans des cas de maltraitances, négligences ou tout simplement de désintérêt.
L’automne passé, Mme Damier* a amené la chatte accidentée de ses voisins M.et Mme Walther* chez un vétérinaire de La Côte. Après un examen de l’animal et la pose d’un diagnostic, des soins sont nécessaires à la guérison de celui-ci ; de ce fait, le vétérinaire tente de joindre en vain ses propriétaires. Le lendemain, le père de Mme Walther* le rappelle et exige la mise à mort de l’animal ; le vétérinaire refuse et décide d’opérer la minette, car son état ne justifiait en rien une euthanasie. L’après-midi même, M.Walther * rappelle le vétérinaire en ordonnant à nouveau l’euthanasie et lui dit « qu’il ne veut pas dépenser 5 centimes pour un chat de gouttière » ! Trois jours plus tard, la minette ayant récupéré des forces, le vétérinaire appelle la SVPA pour faire part du cas et sollicite notre aide pour elle, car ses propriétaires ne veulent rien savoir et refusent de payer la facture.
La SVPA accepte de prendre en charge physiquement et financièrement cette chatte et envoie un inspecteur la chercher pour l’amener au Refuge de Ste-Catherine. Nous ne pouvons pas procéder à un séquestre, car il n’y a pas maltraitance et ne pouvons pas la placer non plus dans une nouvelle famille,car ses propriétaires sont connus. Nous les joignons par téléphone pour qu’ils viennent la récupérer ou qu’ils prennent la décision de nous la laisser en vue d’une adoption. En ligne, Mme Walther* est très fâchée, car elle voulait l’euthanasie, mais vient tout de même rechercher son animal, tout en refusant de payer quoi que ce soit. Au final, nous ne regrettons absolument pas notre engagement pour cette minette et sommes heureux d’avoir pu l’aider, mais nous sommes attristés par le manque d’égards que ces personnes ont eu pour elle.
Ce cas n’est, effectivement, pas un cas de maltraitance de la part des propriétaires. Mais que cela soulève-t-il comme réflexions ? Est-ce que l’animal qui nous tient compagnie, nous offre son amour inconditionnel et ses câlins, et « supporte » nos sautes d’humeurs sans jamais nous en tenir rigueur, n’a-t-il pas droit à un peu plus de considération de notre part ? N’est-il qu’un vulgaire objet que l’on jette quand il nous est devenu trop encombrant ou astreignant ? Ne devrait-on pas mieux réfléchir aux implications qui découlent de l’adoption d’un animal ? Car nous allons devoir nous investir sur le plan émotionnel, temporel et financier. Ce sont des pensées que nous devrions méditer avant de nous engager envers un animal, car ce dernier dépendra de nous, que ce soit au niveau alimentaire, affectif ou sanitaire.
Peut-être est-ce en portant un regard bienveillant sur les animaux, en prenant conscience de notre humanité que nous ferons progresser l’idée d’une responsabilité vis-à-vis d’eux…
*noms d’emprunt